Comment le Qatar a déjà gagné son Mondial

Malgré les critiques et les polémiques, le petit émirat du Golfe a déjà réussi son pari : se placer au centre de la carte du monde.

Il y a quelques années de cela, auriez-vous seulement su où se trouvait le Qatar ? Aujourd’hui, le monde entier parle, en bien comme en mal, du pays organisateur de la coupe du monde de la FIFA 2022.

La carte gagnant du “soft power” sportif


Certes, les critiques n’ont pas manqué, quant au conditions de travail pour bâtir stades et hôtels de ce Mondial au budget faramineux, de plus de 250 milliards d’euros. Les aspects environnementaux, entre climatisations et vols de transfert des supporters entre les matches, ont aussi fait couler beaucoup d’encre. Mais l’élimination dès les phases de poule de l’équipe du Qatar n’a au fond guère d’importance, tant le petit pays du Golfe a d’ores et déjà atteint son but : être au centre de la carte diplomatique et sportive.

Parmi les premiers à jouer la carte du sport pour peaufiner son image, le petit émirat pétrolier et gazier a joué la carte du “soft power” sportif, à la fois multiplié les grands événements organisés à domicile, et investi à l’étranger, associant mécénat culturel et rachats sportifs, à commencer par le club parisien du Paris Saint-Germain. A tel point qu’après les longues années de blocus imposés par son voisin saoudien et les Emirats arabes unis, c’est aujourd’hui le Qatar qui s’impose au centre de la carte des pays arabes, et de l’attention mondiale.

La Coupe du monde de tous les Arabes


La compétition sportive a bel et bien pris le dessus sur la compétition politique, l’Arabie Saoudite ne pouvant que constater à quel point le sport a permis au petit émirat de se poser en tant que nouvelle puissance économique et diplomatique dans le monde. C’est désormais à l’émirat saoudien de suivre, de copier l’exemple du Qatar pour retravailler sa place et son image sur la carte du monde. Le Qatar est certes un petit pays, mais avec lequel on compte, plus encore depuis que le conflit en Ukraine a rendu encore plus stratégiques ses exportations de gaz.

On aura même ainsi déjà vu lors de de mondial 2002 le prince héritier Mohammed ben Salmane arborant l’écharpe du Qatar lors de la cérémonie d’ouverture dimanche. Mais aussi l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, avec autour du cou le drapeau saoudien, lors de l’incroyable victoire des hommes d’Hervé Renard face à l’Argentine… Le Qatar serait-il donc devenu, grâce au ballon rond, le nouveau centre de gravité des pays arabes ? C’est en effet lui qui accueille chez lui l’ensemble des pays africains et du Maghreb. L’Arabie Saoudite, la Tunisie comme le Maroc font la joie des supporters présents chez les Qataris à l’occasion de cette première coupe du monde de football dans un pays arabe. Cette « Coupe du monde de tous les Arabes » est en soit déjà la plus grande des victoires.



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