2004-2007 : L’avant-chute, un calme trompeur
2004, la France affiche un PIB en croissance modeste mais stable : +2 % en moyenne. Le chômage, autour de 9 %, recule lentement. La dette publique est contenue à 65 % du PIB. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, prépare déjà son ascension vers l’Élysée.
On teste le « Contrat nouvelle embauche » (CNE), puis le tristement célèbre « Contrat première embauche » (CPE), torpillé dans la rue. Le gouvernement pense encore pouvoir réformer par le haut, en mode Napoléon III. Il va apprendre qu’on ne change pas un Code du travail gravé dans le marbre sans payer l’addition.
Mais la machine mondiale s’emballe. Les subprimes américains boursouflent la bulle immobilière. En France, les premiers signes d’essoufflement sont là. On les ignore superbement.
2008-2012 : Effondrement et réveil brutal
2008 : Lehman Brothers dépose le bilan. Le monde vacille. La France, comme ses voisines, bascule dans la récession.
En 2009, le PIB plonge de 2,6 %. Du jamais vu depuis 1945. Le chômage remonte à 10 %, la consommation résiste à peine. Les plans de relance se multiplient : 26 milliards d’euros sont dégainés à coups de primes à la casse, d’investissements publics, de soutien aux entreprises.
Mais les digues sautent. En trois ans, la dette passe de 65 % à 85 % du PIB. L’Europe entre en crise de la dette souveraine. La France évite la zone rouge, mais sa note AAA commence à trembler.
François Fillon annonce que « l’État est en faillite ».
En 2010, pour sauver les retraites, on repousse l’âge de départ à 62 ans. Colères dans la rue. Mais la réforme passe.
En 2012, François Hollande arrive au pouvoir. Il promet de réorienter l’Europe, de créer des emplois jeunes, de taxer les riches à 75 %. Et il va vite comprendre que la réalité budgétaire est une camisole.
2013-2016 : Compromis et fin des illusions
Le quinquennat Hollande bascule dans la rigueur à contrecœur. Le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) injecte 20 milliards par an dans les entreprises. Le Pacte de responsabilité suit. Mais les résultats sont longs à venir.
En 2014, Emmanuel Macron entre au gouvernement. En 2015, sa loi « Croissance et Activité » libéralise certains secteurs, autorise le travail du dimanche, plafonne les prud’hommes.
Puis vient la loi El Khomri en 2016. Plus de souplesse dans les licenciements, plus de place aux accords d’entreprise. Mais une contestation sociale à la hauteur du choc. Nuit Debout, place de la République. Hollande s’use.
Le chômage plafonne à 10,5 % en 2013, redescend lentement vers 9,5 %. La croissance stagne entre 0,3 et 1,2 %. L’Europe est figée, engluée dans les taux nuls et l’obsession d’une inflation introuvable.
2017-2019 : Start-up nation et Gilets Jaunes
2017 : Emmanuel Macron élu président. Il promet de réformer « en même temps » l’État, le travail, la fiscalité. Et il commence tambour battant.
ISF supprimé, remplacé par l’IFI. Flat tax à 30 % sur les revenus du capital. Ordonnances travail : fusion des IRP, barème aux prud’hommes, accord d’entreprise prévalant sur la branche. Loi PACTE : seuils sociaux simplifiés, privatisation de la FDJ.
Les résultats ? +2,4 % de croissance en 2017. Chômage sous les 9 %. Mais l’inégalité perçue explose. La taxe carbone prévue sur les carburants met le feu aux poudres.
Novembre 2018 : les Gilets Jaunes. Colère des oubliés, des périphér