Chrome, ce n’est pas qu’un simple navigateur. C’est le portail numérique de plus de 3,45 milliards d’internautes. Mais pour le ministère de la Justice américain, ce succès est devenu un obstacle à la concurrence. Les procureurs accusent Google d’avoir sciemment verrouillé le marché. Leur solution ? Forcer la vente de Chrome pour rétablir l’équilibre. Une décision qui pourrait bouleverser l’écosystème numérique.
Google crie à l’injustice : une séparation « extrême »
À Mountain View, la riposte ne s’est pas fait attendre. Google qualifie la demande du DoJ d’extrême et disproportionnée. Lee-Anne Mulholland, vice-présidente des affaires réglementaires, avertit : « La proposition du DoJ freinerait le développement de notre intelligence artificielle, imposerait un comité gouvernemental sur la conception de nos produits et freinerait l’innovation américaine à un moment critique. » Pour Google, Chrome n’est pas le levier de monopole que l’on prétend. D’autres navigateurs utilisent aussi Google par défaut, prouvant que le lien entre navigateur et monopole est exagéré.
Fragmentation et incertitude : l’impact sur les utilisateurs
Si le juge Mehta valide cette mesure, les répercussions pourraient être colossales. L’intégration des services Google, de Gmail à Google Drive, repose sur Chrome. Le séparer, c’est détruire l’expérience utilisateur. Et la sécurité ? Sans Google, Chromium pourrait s’affaiblir, rendant les navigateurs alternatifs moins sûrs. Google brandit l’argument de la cybersécurité, évoquant la concurrence avec la Chine en intelligence artificielle.
Ce procès est l’un des plus marquants depuis celui contre Microsoft dans les années 90. Le DoJ et des procureurs généraux s’attaquent aussi à Android et aux contrats d’exclusivité avec Apple ou Mozilla. « Ce n’est pas une victoire à la Pyrrhus que nous cherchons », a déclaré l’avocat du DoJ, David Dahlquist. « Il est temps que le tribunal rappelle aux monopoles qu’il y a des conséquences lorsqu’on enfreint les lois antitrust. »
Le juge Amit P. Mehta doit rendre sa décision d’ici août 2025. Mais Google a déjà prévu de faire appel, ce qui pourrait repousser l’application des mesures à 2026, voire plus tard.
Une vente possible… mais à quel prix ?
La valeur de Chrome est estimée entre 15 et 20 milliards d’euros. Mais qui osera reprendre un outil si imbriqué dans l’écosystème Google ? Microsoft ou DuckDuckGo sont évoqués, d’autres imaginent un spin-off indépendant. Le DoJ assure que « plusieurs entités pourraient réaligner instantanément le marché de la recherche si Chrome leur était confié. »
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