2024 marque un tournant. Les dépenses militaires mondiales ont atteint un sommet vertigineux de 2 718 milliards de dollars, soit une hausse de 9,4 % par rapport à l’année précédente. Un bond spectaculaire, le plus important depuis la fin de la Guerre froide, selon le SIPRI.
Une course effrénée aux armements
Plus de 100 pays ont gonflé leurs budgets militaires. Xiao Liang, chercheur au SIPRI, tire la sonnette d’alarme : « Plus de 100 pays à travers le monde ont augmenté leurs dépenses militaires en 2024. Alors que les gouvernements donnent de plus en plus la priorité à la sécurité militaire, souvent au détriment d’autres secteurs budgétaires, les compromis économiques et sociaux pourraient avoir des effets significatifs sur les sociétés pendant des années. »
Les géants de la dépense : États-Unis, Chine, Russie
Les États-Unis dominent toujours avec 997 milliards de dollars, soit 37 % du total mondial, en hausse de 5,7 %. La Chine suit avec 314 milliards de dollars (+7 %), tandis que la Russie, malgré les sanctions, grimpe à 149 milliards de dollars, affichant une hausse impressionnante de 38 %.
L’Europe : la fin de la déflation militaire
En Europe, la tendance est claire : les dépenses militaires ont bondi de 17 % pour atteindre 693 milliards de dollars, dont 370 milliards pour l’Union européenne. L’écart avec Moscou se creuse, les 27 consacrant 2,5 fois plus que la Russie à leur défense. Lorenzo Scarazzato du SIPRI souligne : « Pour la première fois depuis la réunification, l’Allemagne est devenue le plus grand dépensier militaire d’Europe occidentale. » Jade Guiberteau Ricard ajoute : « Augmenter les dépenses ne se traduira pas nécessairement par des capacités militaires significativement accrues ou par une indépendance vis-à-vis des États-Unis. »
Les importations d’armement des pays européens de l’OTAN proviennent à 64 % des États-Unis, soulignant une dépendance persistante.
Russie et Asie : une spirale dangereuse
La Russie, sur fond de conflit en Ukraine, a augmenté ses dépenses militaires de 38 %. Diego Lopes da Silva du SIPRI avertit : « La Russie a de nouveau augmenté significativement ses dépenses militaires, élargissant l’écart de dépenses avec l’Ukraine. » En Asie, l’engrenage de l’armement ne faiblit pas. Nan Tian du SIPRI prévient : « Ces investissements risquent de plonger la région dans une spirale dangereuse de course aux armements. »
Moyen-Orient : Israël en tête
Au Moyen-Orient, Israël a vu ses dépenses bondir de 65 %, atteignant 46,5 milliards de dollars, conséquence directe de son implication militaire régionale.
Top 10 des dépenses militaires en 2024
Les États-Unis, la Chine, la Russie, l’Allemagne, l’Inde, l’Arabie Saoudite, le Royaume-Uni, le Japon, la France et la Corée du Sud forment le top 10 des pays en termes de dépenses militaires. Ce classement illustre une fracture de plus en plus nette entre les grandes puissances et le reste du monde, cristallisant une compétition sécuritaire globale.
Un avenir incertain
En 2024, la planète a davantage investi dans ses canons que dans son avenir social ou climatique. Derrière les discours sur la « sécurité nécessaire », le risque est grand de voir ressurgir les anciens démons d’une guerre froide qui n’a jamais vraiment disparu. L’histoire l’enseigne : dans la surenchère, il n’y a jamais de gagnants, seulement des ruines.
