La France, embourbée dans une croissance anémique, voit son économie vaciller. L’Institut La Boétie, dans son cinquième Point de conjoncture, tire la sonnette d’alarme. Le PIB n’a progressé que de 0,1% au premier trimestre 2025, un chiffre qui ridiculise les ambitions gouvernementales de 0,9% pour l’année. Et la guerre commerciale de Donald Trump n’arrange rien.
Investissement en chute libre : le mirage de la réindustrialisation
Derrière cette stagnation, une vérité dérangeante : l’investissement s’effondre. Les ménages ont réduit leurs investissements de 19% entre 2021 et 2024. Les entreprises ne font guère mieux avec une baisse de 2,8% en un an. Même le secteur public, dernier rempart, fléchit. Le rêve de réindustrialisation d’Emmanuel Macron ? Une farce. Les licenciements se multiplient, notamment dans l’automobile et la chimie, comme le cas de Vencorex.
Salaires en berne, dividendes en fête
Les salaires réels reculent de 3,5% depuis 2017, tandis que le pouvoir d’achat est artificiellement soutenu par les revenus du patrimoine. Plus de 1,2 million de foyers ont subi des coupures d’électricité, une hausse de 85% depuis 2019. Pendant ce temps, les dividendes explosent de 79,8% entre 2017 et 2024, et les profits des sociétés non financières grimpent de 12,4%. Une déconnexion totale de la réalité productive, avec une productivité horaire en baisse de 1,7%.
Fiscalité : un faux procès
La France, souvent critiquée pour ses prélèvements obligatoires, est ici défendue. L’Institut La Boétie juge l’expression « championne du monde des prélèvements » malhonnête. La Sécurité sociale, moins coûteuse que les organismes privés, prouve son efficacité. En 2023, les frais de gestion de la Sécu et de l’État pour la santé étaient de 7,8 milliards d’euros, contre 8,3 milliards pour les privés. La France offre un accès universel à la santé pour un coût maîtrisé, un modèle plus juste et efficace.
Précarisation et défaillances : le sombre tableau social
La photographie sociale est glaçante. 90.100 emplois salariés supprimés au quatrième trimestre 2024, un chômage en hausse continue qui devrait atteindre 7,8% fin 2025. La précarisation du travail s’accélère, avec un tiers des auto-entrepreneurs cumulant un autre emploi. Les grandes entreprises ne sont pas épargnées : 65.844 défaillances en janvier 2025. Le capitalisme à la française continue de verser des dividendes, mais supprime les postes.
Un modèle menacé par l’austérité
Après huit ans de macronisme, l’économie française est exsangue. La politique menée a enrichi les actionnaires, fragilisé les salariés, détruit les filets de sécurité collective. Et la suite ? La Sécurité sociale, pourtant un modèle de supériorité sur les systèmes privés, est dans le viseur de l’austérité. Dans une économie asphyxiée, le dernier souffle pourrait bien être celui d’un système solidaire.