Un abonnement à 49 euros pour voyager sans limite sur les lignes Intercités et TER, voilà une idée qui semblait prometteuse. Mais la réalité a vite rattrapé ce projet ambitieux. Sur les 700.000 Pass Rail proposés pour l’été 2024, seuls 235.376 ont trouvé preneur. Un échec cuisant pour une initiative financée à 80% par l’État et à 20% par les Régions, censée rivaliser avec le Deutschlandticket allemand. Le ministère des Transports admet : « Le résultat final est mitigé, avec seulement un tiers de billets vendus par rapport aux prévisions. » Avec un coût de 15 millions d’euros, l’opération est jugée disproportionnée. Résultat : l’offre est annulée pour l’été 2025.
Pourquoi le train à volonté a déraillé
Le Pass Rail a manqué de cohérence. L’exclusion de l’Ile-de-France, région la plus peuplée, a privé le projet d’un vivier d’usagers. La communication gouvernementale, entre euphorie et flou, n’a pas aidé. Les Régions, elles, n’ont pas toujours joué le jeu. Certaines, comme l’Auvergne-Rhône-Alpes ou l’Occitanie, proposaient déjà des pass jeunes à tarifs réduits, souvent plus compétitifs. Pourquoi payer 49 euros pour un accès national quand on peut voyager localement pour 25 euros ?
La billettique a aussi fait défaut. Incompatibilités techniques, manque de visibilité sur les plateformes de vente, et une offre partielle sans TGV ni trains nocturnes ont transformé la promesse d’un accès illimité en illusion tarifaire. De plus, la saturation des TER dans certaines zones a rendu l’arrivée massive de jeunes voyageurs indésirable pour certains élus locaux. En avril 2024, le président de Régions de France soulignait déjà le manque de concertation. Le rail des critiques était lancé.
Des solutions régionales qui doublent le Pass Rail sur la voie
Si le Pass Rail s’éteint, certaines Régions continuent leur course. L’Occitanie propose son Rail Tour avec des formules avantageuses. Les Pays de la Loire misent sur leur Pass Jeune Aléop à 25 euros mensuels. La Normandie offre son Pass Découverte : deux jours d’illimité à 20 euros. Les Régions n’ont pas attendu l’État pour prendre le contrôle de leur politique de mobilité. À trop vouloir harmoniser sans consulter, l’État a brouillé la signalisation. Patrice Vergriete, successeur de Clément Beaune au ministère des Transports, n’a pas reconduit l’héritage de son prédécesseur. Si Clément Beaune se félicitait en 2023 de « franchir une étape historique pour la jeunesse et la transition écologique », le verdict de 2025 est sans appel : pas de seconde saison pour le Pass Rail.