9 avril 2025, une date qui résonnera longtemps dans les annales économiques américaines. À 10h34, Donald Trump lâche une bombe sur Truth Social : « J’ai autorisé une PAUSE de 90 jours et un tarif réciproque considérablement abaissé à 10 %, également effectif immédiatement. » Une annonce qui tranche dans le vif d’une semaine déjà marquée par des menaces protectionnistes d’une rare intensité.
Trump, le maître du retournement
Depuis des jours, Trump s’enflammait contre les partenaires commerciaux des États-Unis, promettant une « remise à zéro totale » du système douanier mondial. Le 2 avril, il lançait « Liberation Day », une offensive tarifaire avec des droits d’au moins 10 % sur toutes les importations, et un pic à 125 % sur les produits chinois.
Mais voilà, une semaine plus tard, revirement spectaculaire : Trump désamorce la bombe économique, tout en maintenant le tarif punitif maximal de 125 % sur la Chine. Pourquoi ? Les marchés s’affolent, la Bourse plonge, les rendements obligataires vacillent. Trump lui-même confie : « Les gens devenaient un peu nerveux. Ils étaient un peu yippy », rapporte ABC.
Effet domino sur les marchés
Le choc tarifaire se transforme en choc boursier… mais dans l’autre sens. En quelques heures, les indices américains explosent : le Dow Jones grimpe de 7,87 %, le S&P 500 de 9,52 %, et le Nasdaq bondit de 12,16 %. Les investisseurs, rassurés, se ruent sur les valeurs technologiques et industrielles. Wall Street regagne en une journée plus de 4 500 milliards d’euros de capitalisation boursière selon Bloomberg. Même le marché obligataire réagit : les taux à 10 ans atteignent 4,4 %, selon Yahoo Finance.
Trump jubile : « La plus grande journée de l’histoire financière », s’exclame-t-il. Pourtant, quelques heures avant, il exhortait ses 90 millions d’abonnés : « THIS IS A GREAT TIME TO BUY!!! », relate The Independent.
Manipulation des marchés : le spectre se profile
La proximité troublante entre les déclarations de Trump, les signaux envoyés aux marchés et la montée brutale des indices déclenche une tempête politique à Washington. Le mot est lâché : manipulation des marchés. Des élus démocrates évoquent un scénario de « pump and dump » : le président fait chuter les marchés avec ses annonces, achète à bas prix via des proches, puis inverse la tendance avec un revirement public.
Le sénateur Adam Schiff, relayé par Time, accuse : « Trump provoque de gigantesques fluctuations de marché avec ses politiques on/off. Ces oscillations constantes créent des opportunités dangereuses pour des délits d’initié. »
Chaos à l’administration américaine
La décision surprise de Trump provoque un séisme au sein de l’administration. Jamieson Greer, représentant au commerce, est pris de court en pleine audition au Congrès. Alors qu’il défend la politique tarifaire, la nouvelle tombe : les tarifs sont suspendus. Stupeur.
« Si vous saviez que ces taxes allaient être suspendues, pourquoi n’en avez-vous rien dit dans votre discours d’ouverture ? », l’interpelle le représentant démocrate Steven Horsford. Greer rétorque : « Je ne commente pas mes échanges avec le président. »
Mais Horsford insiste : « C’est l’amateurisme le plus total. Qui est aux commandes ? Certainement pas vous. Vous venez de vous faire marcher dessus en direct. Et ce sont les Américains qui vont en payer le prix. »
Stratégie ou improvisation ?
Certains conseillers de Trump parlent d’un mouvement « calculé », s’inscrivant dans une stratégie d’escalade maîtrisée. « C’était le plan depuis le début. L’Art du Deal en action », s’est vantée Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison-Blanche, d’après ABC News. Mais alors, stratégie ou improvisation ? Même les marchés ne semblent plus sûrs de comprendre.
