La Commission européenne n’a pas tardé à réagir. Le 8 mai 2025, elle annonce une riposte douanière massive aux mesures de Donald Trump. En cause, une série de surtaxes américaines qui frappent de plein fouet l’économie des Vingt-Sept. Les contre-mesures européennes, encore en suspens, pourraient atteindre un total de 95 milliards d’euros.
Bruxelles en mode combat : une liste de produits qui fait mal
La Commission européenne ne fait pas dans la dentelle. Avions Boeing, voitures américaines, batteries lithium, réfrigérateurs, électroménager, fruits, légumes, vins, bourbon, tout y passe. Plus surprenant encore : langues de bœuf, opium à usage médical, sapins de Noël, bâtons de baseball, ketchup ou encore cannes en aluminium sont dans le viseur. Selon BFMTV, cette liste provocatrice vise à maximiser l’impact politique des taxes. Le message est clair : si Trump politise la douane, l’UE répondra coup pour coup.
Le volume des marchandises visées représente près de 100 milliards d’euros d’importations américaines, selon Les Échos. Une évaluation confirmée par Le Parisien, qui ajoute que cette mesure pourrait aussi frapper les géants du numérique via des restrictions non tarifaires, comme le gel de l’accès aux marchés publics ou le blocage de licences.
Escalade douanière : pourquoi l’UE et les États-Unis s’affrontent
Depuis mars 2025, trois salves tarifaires américaines ont visé l’Europe : 25 % sur l’acier et l’aluminium, 25 % sur les voitures européennes, et 20 % sur tous les autres produits européens, annoncés mais suspendus jusqu’en juillet. En parallèle, les États-Unis maintiennent des droits de douane de 10 % sur la majorité des produits européens. « Une violation flagrante des règles de l’OMC », affirme la Commission. D’où la décision de saisir l’Organisation mondiale du commerce pour engager une procédure de règlement des différends.
Mais Bruxelles n’est pas dupe : elle connaît le sort réservé aux décisions de l’OMC sous l’ère Trump. Ursula von der Leyen garde donc une posture ambivalente : offensive dans les faits, mais diplomatique dans le ton. « Nous pensons qu’il est possible de conclure de bons accords au bénéfice des consommateurs et des entreprises des deux côtés de l’Atlantique. Dans le même temps, nous continuons à nous préparer à toutes les éventualités », a-t-elle déclaré.
Douane : qui paie vraiment ?
À la question éternelle : « Qui paie les droits de douane ? », la réponse est simple : le consommateur final. Une surtaxe appliquée à l’importation est répercutée sur les prix de vente. Si l’UE impose une taxe de 25 % sur le bourbon, ce n’est pas l’exportateur du Kentucky qui paiera, mais l’amateur français de whisky américain. Même logique pour les voitures, les micro-ondes ou les fruits.
La guerre commerciale n’est jamais qu’un conflit indirect financé par les ménages. À Bruxelles comme à Washington, on parie pourtant sur l’endurance de l’opinion publique. Mais combien de temps les consommateurs européens accepteront-ils de payer le prix de l’orgueil politique ?
« Depuis le début, nous avons agi avec clarté, cohérence et un engagement ferme en faveur de la désescalade. Mais nous n’accepterons pas un résultat à n’importe quel prix », a averti le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic.
L’UE envisage également des outils alternatifs : taxation des géants technologiques américains, gel des investissements étrangers, voire blocage d’autorisations de mise sur le marché. Selon un haut fonctionnaire européen cité anonymement dans Le Parisien, « on commence à réaliser que même si nous voulons des négociations, certains droits de douane américains risquent de perdurer ».
En somme, la Commission européenne anticipe un bras de fer long et structurel. Une évolution vers une confrontation permanente, qui rappelle les pires heures de la guerre commerciale de 2018.
Bruxelles, longtemps perçue comme prudente et lente, opère un revirement stratégique majeur. Sa riposte est calibrée, juridiquement fondée, politiquement assumée. Mais l’équilibre reste précaire. En l’absence de