OpenAI, symbole d’une révolution technologique, est aussi devenu un casse-tête juridique et financier. Fondé en 2015 avec l’ambition de développer une intelligence artificielle générale pour le bien de l’humanité, l’organisme a rapidement évolué. En 2019, il se transforme en une structure hybride pour lever les milliards nécessaires à ses projets. En mars 2025, une levée de fonds de 40 milliards de dollars, menée par SoftBank, propulse sa valorisation à 300 milliards de dollars. Une somme astronomique pour une entreprise qui se veut au service de l’intérêt général.
Un virage controversé
Le 5 mai 2025, OpenAI annonce un changement de cap. La structure à but non lucratif conserve la gouvernance, mais les critiques fusent. Elon Musk, cofondateur, attaque en justice, accusant l’entreprise de trahir ses principes. Un tribunal fédéral américain retient une partie de sa plainte. Des chercheurs et anciens employés interpellent les procureurs généraux pour stopper la transformation en société lucrative.
Le collectif Not For Private Gain, soutenu par des prix Nobel, dénonce un plan qui « subvertirait la vocation caritative d’OpenAI » et « supprimerait les garanties essentielles de gouvernance ».
La réponse d’OpenAI : une structure hybride
OpenAI réagit en transformant son bras commercial en public benefit corporation (PBC), une structure qui allie objectifs sociaux et capital. La gouvernance reste entre les mains de l’entité à but non lucratif, mais les investisseurs peuvent détenir des parts. Bret Taylor, président du conseil d’administration, précise : « Le conseil à but non lucratif nommera les administrateurs de la PBC. Ce seront les mêmes au départ ».
Sam Altman, PDG d’OpenAI, balaie les controverses d’une phrase : « Vous êtes obsédés par Elon, c’est votre job. Nous, on est obsédés par notre mission ».
Un équilibre précaire
Malgré cette transition, les critiques persistent. Gil Luria, analyste chez D.A. Davidson, souligne : « Le statut à but non lucratif réduit fortement la capacité d’OpenAI à lever des fonds. Les investisseurs veulent des retours, ce qui est plus difficile si un nonprofit contrôle l’entreprise ».
Un modèle sous pression
OpenAI maintient une structure à but non lucratif pour sa crédibilité, après une crise de gouvernance en novembre 2023. Cette stabilité est cruciale alors que la compétition mondiale dans l’AGI s’intensifie. Selon une analyse d’OpenAI, « la mission nécessite un modèle durable, où le nonprofit soit bien financé grâce aux résultats du for-profit ». En clair : le but non lucratif, oui, mais sans freiner les investissements.
Le cas OpenAI illustre la tension entre mission d’intérêt général et capital-risque. La firme jongle entre les deux, mais jusqu’à quand tiendra-t-elle face à la pression des marchés et les exigences d’une société de plus en plus dépendante de ses outils ?